Icône de féminité,
Soumise ou perverse, étude de genre par l’image
Quand pour une majorité des femmes, l’espace de vie s'arrête au champ, à l’usine ou à leurs intérieurs, quelques-unes s'émancipent, enfourchant bicyclette ou fréquentant les très réservées universités. Scandale, l’espace masculin est en danger !
Ces nouvelles amazones alimentent le vieux fantasme de la femme sorcière que les arts subliment sans se l’avouer.
D’éminents scientifiques se penchent sur la question sexuelle, édictant des règles comportementales. La société est jugée d’autant plus civilisée que le dimorphisme sexuel y est prononcé ; autrement dit, que sa population féminine est physiquement fébrile et intellectuellement attardée et que ses individus masculins sont puissants et rationnels.La femme saine garante d’une société avancée doit répondre à ces critères. Les bases d’une société masculiniste sont ainsi posées.
Une forme d’anarchie sexuelle ou féminisme fin de siècle ébranle l’édifice ; la cause en est une amazone moderne, nommée Femme nouvelle. Elle pédale, usurpe le port du pantalon, fume la cigarette, s'instruit et reprend possession de son corps sexué. Le monde des hommes panique, la nation est en danger.
La femme libérée est une criminelle nymphomane confirme Lombroso La nature a doté la femme d’une constitution fragile et menstruée ; celle-ci ne peut cultiver son intellect qu’au détriment de son utérus, qui débilité, enfantera d’êtres ataviques ; de plus les menstruations engendrant une anémie chronique, la femme émancipée libère la potentielle vampire qui sommeille en elle.
La peinture académique française et victorienne (Préraphaélites) avec son funèbre cortège de sorcières, sirènes, sphinges et autres ophidiennes donne à ces croyances une validité ancestrale : depuis la nuit des temps, la femme sensuelle est une ensorceleuse bridant l’ascencion des hommes. Et le bijou Art nouveau de réifier cette théorie.
