Les portraits à travers les idées
Les contextuels
L’organisation du métier de chiffonnier est complexe, entre ses règlements et une nomenclature de gratteurs, gadouilleurs, piqueurs, placiers... Ces hommes et femmes au panier d’osier sur le dos, lanterne et crochet à la main, étaient omniprésents avant que les boîtes de tri du préfet Poubelle et les progrès de l'industrie papetière ne marginalisent leur profession. Manet ou Baudelaire, qui puisent leur inspiration dans les bas-fonds de Paris, étaient appelés chiffonniers littéraires.
Contrairement aux prédictions de Proudhon, le culte des morts demeure une pratique bien vivante dans la France de la seconde moitié du XIXe siècle. Les traditions funéraires évoluent, variant selon le statut social et les moyens financiers ; les célébrations des morts et les visites aux cimetières conservent leur importance en tant que lieux de promenade, de recueillement, avec leurs codes vestimentaires et étiquette, reflétant jusqu’aux tensions politico-religieuses qui divisent le pays.
L’étude de l’organisation de l’activité prostitutionnelle française entre 1850 et 1900 permet d’enrichir une analyse des peintures de scènes de genre, qu’il s’agisse des œuvres de Toulouse-Lautrec, de Manet, Béraud, de Nittis… Le métier, avec ses maisons spécialisées, hôpitaux, système d’encartement, prison, police etc. était alors entièrement voué au contrôle de la meurtrière syphilis, dont souffraient la majeure partie des artistes et auteurs français.
La marchandisation du corps féminin est une activité parfaitement rodée. Le succès des brasseries à femme et magasins prétexte, des catalogues de vente d’actes sexuels, des manuels des codes et subterfuges de l’activité prostitutionnelle, révèlent une industrie prospère. Même les guides touristiques, traduits en plusieurs langues, sont là pour orienter provinciaux et étrangers dans ce dédale du commerce de la galanterie.
La prostituée vénale est le pendant de l’épouse virginale. Or l’édifice qui tend à séparer les unes des autres craquelle. Ces épouses ou jeune-fille à marier, traditionnelles gardiennes de la morale bourgeoise, adoptent peu à peu le maquillage, la teinture rousse, le miroir ou l’art de se baigner. Maîtriser les étiquettes du savoir-vivre de l'époque permet d’identifier les ambiguïtés en littérature comme en art dont se jouent Flaubert, Zola, Manet et les peintres impressionnistes.





